Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

RolandDIDE

30 juin 2005

Tandem Faure-Kodjo

C’est dans une ambiance pour le moins sulfureuse qu’Edem Kodjo, 67 ans, a été nommé premier ministre par le président Faure Gnassingbé. En effet, à la veille de cette nomination, le chef de l’Etat togolais avait  de façon « catégorique », rejeté la plate-forme politique que lui avait, présentée l’opposition radicale pour sortir de la crise politique que vit le Togo depuis la présidentielle du 24 avril et au delà depuis la mort du Timonier national Gnassingbé Eyadéma. Visiblement conforté par le soutien de

la Cedeao

, de l’Union africaine, de la commission de l’union européenne ou encore de Paris, Faure Gnassingbé s’est résolu à laisser choir ses plus féroces opposants qui réclamaient un «gouvernement transitoire d’unité nationale» dirigé par un premier ministre issu des rands de l’opposition radicale, pour apurer le passif politico-militaire de ces dernières décennies, préparer de futurs scrutins incontestables et mettre le Togo sur les rails du développement. On ne pouvait d’ailleurs s’attendre à autre chose, car, fort de sa nouvelle légitimité, Faure avait prévenu l’« opposition radicale », le 4 juin dernier, en présence de son principal soutien, le président du Nigeria et de l’Union africaine (UA), Olusegun Obasanjo : « Ou vous venez et nous avançons, ou vous restez en dehors et nous avancerons quand même sans vous ».

Opposant modéré Edem Kodjo succède donc à Koffi Sama, en poste depuis juin 2002. Fin tacticien, il ne s’est pas présenté en avril dernier à la présidentielle, soutenant par contre l’idée d’un gouvernement d'union nationale soutenue par l’UA.

Aujourd’hui, «réconciliation» est le maître mot d’Edem Kodjo, lui qui connaît bien les rouages du pouvoir pour avoir exercé les fonctions de premier ministre, de 1994 à 1996, sous la présidence de Gnassingbé Eyadema. «Tout mettre en œuvre pour que le pays retrouve sa sérénité», voilà son nouveau credo. Et pour y arriver, il entend travailler avec le président Faure Gnassingbé pour trouver une solution à ce qui oppose les Togolais depuis plusieurs années. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il va collaborer avec Faure. Les deux têtes de l’Exécutif ont déjà travaillé ensemble, en 2004, au sein de la délégation togolaise lors des pourparlers de Bruxelles avec la commission de l’Union européenne. On connaît le résultat. Désormais, à la discrétion, à la modération et à la grande habileté diplomatique de Faure Gnassingbé, s’ajoute la brillance, le sens pointu de l’organisation et la technicité éprouvée d’Edem Kodjo pour sortir le Togo de l’ornière. Les objectifs immédiats de ce nouveau tandem, forcement gagnant, sont : prendre des mesures d’accompagnent pour favoriser le retour des réfugiés, travailler la restructuration de l’Etat et de l’administration et procéder au redressement économique du pays.   

Né le 23 mai 1938 à Sokodé, à quelque 380 kilomètres au nord de Lomé, Edem Kodjo président de la Convergence patriotique panafricaine (CPP) a un CV absolument respectable. Titulaire d’une maîtrise en droit, diplômé de la célèbre Ecole nationale d’Administration (ENA, France), Edem Kodjo est un ancien administrateur de l'Office de radiodiffusion et télévision français (ORTF). Il a été aussi gouverneur au Fonds monétaire international (FMI), entre 1967 et 1973, gouverneur de

la Banque

africaine de développement (BAD) entre 1973 et 1976, avant de diriger l’Organisation de l’Union africaine (OUA, 1978-1983) comme secrétaire général. Ministre de l’Economie et des finances en 1973 et chef de la diplomatie togolaise en 1976, toujours sous Gnassingbé Eyadéma, Edem Kodjo enseignait (depuis 1983) l’économie du développement, à la Sorbonne parisienne quand l’appel d’air démocratique a fait vibrer le Togo au début des années 90. Egalement écrivain ( il a publié, en 2004, Au commencement était le glaive ), le nouveau premier ministre togolais est un homme d’expérience et de rigueur qui saura composer avec le président Faure Gnassingbé pour proposer une alternative crédible au peuple togolais, apporter un changement quantitatif et qualitatif à un  vieux système de quarante ans qui a laissé l’ancien “Suisse de l’Afrique” exsangue et divisé.

Selon maître Yaovi Agboyibo, coordinateur de la Coalition de l’opposition, qui se déclare «consterné», le nouveau premier ministre va former un gouvernement «d’ouverture à qui veut». En procédant à l’élaboration du document portant sur la plate-forme revendicative de l’opposition, la Coalition a pu aussi «se faire une idée claire sur ce qu’il y a lieu d’entreprendre pour mettre le pays sur les bons rails», explique Martin Aduayom, le numéro deux de la Convention des peuples africains (CDPA). L’opposant ajoute qu’il n’est pas question «d’aller à la soupe, ni même de saisir une main tendue», celle d’Edem Kodjo en l’occurrence. On voit bien que ce qui compte pour cette opposition radicale, c’est de faire une révolution à la hussarde. Et ça, ne n’est pas pour arranger les affaires d’un pays aussi divisé, aussi clanique, avec une armée ethnique à qui l’on se doit d’apprendre avec patience et abnégation les rudiments de la démocratie. Autrement dit, monsieur Kodjo a du pain sur la planche. A lui de jouer l’équilibriste. Ce qu’il a d’ailleurs commencé en intégrant dans son gouvernement plusieurs membres de l’opposition modérée et même un membre de l’opposition radicale.

Si Faure Gnassingbé a un prénom à se faire, histoire de se démarquer de son père, Edem Kodjo lui, n’a plus rien à démontrer. C’est en sens que ce duo est prometteur et augure de lendemains meilleurs pour le Togo. Reste aux togolais de faire confiance à ce tandem  animé non seulement de bonnes intentions, mais aussi plein de perspectives heureuses. Les bailleurs de fonds du pays sont d’ailleurs prêts à lâcher du leste pour donner un nouveau souffle à l’économie togolaise.

Publicité
Publicité
RolandDIDE
Publicité
Publicité